Pour bien accueillir nos pensionnaires, nous devons tenir compte de quelques contraintes importantes concernant les dimensions de l'aquarium, la qualité de l'eau, la végétation du bac, la nourriture des pensionnaires, la grégarité des espèces et leur durée de vie.
La dimension de l'aquarium est la principale contrainte pour héberger des pensionnaires, un aquarium de moins de 200 litres ne peut accueillir que des espèces de petite taille qui trouveront suffisamment d'espace pour s'épanouir, alors que des espèces de Teleostei de grande ou très grande taille ne peuvent vivre dans de bonnes conditions que dans des bacs de plus de 500 litres et parfois même de 1 000 litres. C'est pourquoi nous avons répertorié la plupart des espèces des grandes familles en fonction de la taille de leurs espèces.
Les caractéristiques de l'eau d'un aquarium dépendent de la nature de sa population, des besoins spécifiques de chaque espèce soit pour assurer simplement sa pérennité dans nos bacs, soit de façon plus spécifique pour faciliter la reproduction.
♦ Les espèces issues d'élevage sont généralement plus résistantes que les espèces sauvages, car elles sont adaptées à supporter une eau plus dure en générale de 10 °GH ou parfois plus, d'un pH qui peut être de 6,5 à 7,3 et d'une température de 26 °C.
Les paramètres de l'eau donnés dans ce volume sur les différentes espèces de Teleostei correspondent au maintien de leur bonne santé dans nos aquariums, tout particulièrement des espèces en provenance d'élevage déjà adaptées à nos eaux. Ceci, exclue bien sûr les conditions spécifiques nécessaires à leur reproduction, lesquelles sont souvent très différentes, elles sont précisées dans le prochain volume dédié à l'élevage, car pour assurer la reproduction d'une espèce, il est généralement nécessaire de se rapprocher de ses conditions de vie dans la nature.
♦ Ce qui importe le plus pour la bonne santé des pensionnaires, c'est de les maintenir dans un milieu stable, sans variations intempestives du pH ou de la température. La plupart des espèces sont fragilisés par toutes variations de la nature de leur milieu aquatique.
• Les poissons originaires d'Amazonie préfèrent une eau dont la dureté totale est inférieure à 10 °GH, alors que les Cichlidés des Grands Lacs africains vivent dans une eau dure de plus de 10 à 15 °GH.
• Les poissons vivipares se reproduisent dans des eaux ayant un pH supérieur à 7, donc dans une eau d'une dureté carbonatée importante, alors que les ovipares ont besoin d'une eau acide d'un pH inférieur à 7 et d'une dureté carbonatée inférieure à 3 °KH. Les Discus ont besoin pour se reproduire d'un KH pratiquement nul.
♦ Une végétation abondante assure un bon équilibre du milieu aquatique :
• Les plantes génèrent le dioxygène nécessaire à la vie animale grâce au processus de photosynthèse.
• La majorité des plantes épurent de façon significative l'eau d'une grande partie des déchets.
• Une végétation luxuriante réduit considérablement les risques de maladie des pensionnaires.
• De nombreuses plantes offrent aux espèces timides ou dominés des espaces de sécurité où elles peuvent se cacher et se reposer.
• Dans les bacs comportant des espèces qui fouillent le sol, la végétation devra soit être très enracinée, soit simplement déposées sur le sol à l'aide de ballasts qui peuvent être déplacés par ces espèces.
• Certaines plantes permettent à des espèces d'y déposer leurs œufs et ensuite elles offrent une excellente protection aux alevins contre les prédateurs.
La distribution de la nourriture doit permettre à tous les espèces de se ravitailler, les plus grosses ou les plus vives ne doivent pas empêcher les autres de se restaurer, les très petites espèces comme celles vivant au fond de l'aquarium ne doivent pas être oubliés.
La dimension des parcelles de nourriture doit être adaptée à la capacité d'absorption de chaque espèce et pas trop fines, sauf pour les alevins ou les plus jeunes.
► Evitez toute suralimentation et distribuez une nourriture aussi diversifiée que possible, en particulier pour les reproducteurs.
Certaines espèces sont grégaires et se regroupent en colonie, en groupe d'individus de la même espèce. Ce comportement dans la nature permet à ces espèces d'échapper aux prédateurs qui préfèrent plutôt chasser les animaux solitaires.
► La vie en groupe des espèces grégaires est la condition essentielle pour assurer leur pérennité en aquarium, car cela réduit le stress lié à la vie en communauté au milieu d'autres espèces et c'est très important pour les espèces de nature timide, car un individu isolé se stresse, il devient sensible aux maladies et verra sa durée de vie réduite considérablement.
La présence d'un groupe constitué au minimum de 5 ou 10 individus comportant un mâle pour deux ou trois femelles est aussi un impératif pour réduire la compétition et l'agressivité au sein de certaines populations. Pour de nombreuses espèces un couple mâle et femelle et un seul couple est un minimum indispensable afin de limiter leur agressivité.
♦ Ne pas attendre qu'un groupe soit réduit à peu d'unités pour le compléter, car lorsqu'il ne reste qu'un ou deux individus il y a peu de chance de réussir une bonne cohabitation entre les anciens et les nouveaux arrivants. Equilibrez en nombre anciens et nouveaux pensionnaires d'une même espèce.
L'espérance de vie des espèces de Teleostei est très variable, de moins d'un an pour certaines espèces à quelques dizaines d'années pour d'autres. De nombreuses espèces de Killies sont annuelles alors qu'une carpe peut vivre plus de vingt ans.
Dans de bonnes conditions la plupart des espèces destinées à l'aquariophilie ont une durée de vie comprise entre trois et sept ans.
♦ Il est ainsi nécessaire d'envisager régulièrement le renouvèlement des générations soit par l'achat de nouveaux individus, soir par la reproduction à la maison.
La reproduction de quelques espèces comme les Poeciliidae est à la portée de tous les amateurs, mais pour la plupart des autres espèces c'est le domaine d'aquariophiles plus chevronnés.