♦ A partir de l'ouvrage « Physiologie animale - adaptation et milieu de vie » de Knut Schmidt-Nielsen, voici une première classification des différents types d'eau en fonction de leur composition.
L'oxygène et l'hydrogène représentent la quasi-totalité de la masse liquide des rivières, lacs et océans, avec environ 11,1 % d'hydrogène et 88,8 % d'oxygène en rivière et 2,9 % d'hydrogène et 85,8 % d'oxygène en eau de mer. A l'exception de l'oxygène et de l'hydrogène, les autres composantes de l'eau caractérisent la salinité des différents milieux aquatiques dont nos aquariums sont tributaires.
La salinité des eaux de rivières et de lacs ne dépasse généralement pas le g/L alors qu'elle est d'environ 35 g/L pour les eaux de mer.
Voici ci-dessous une classification simplifiée des différents types d'eau en fonction de leur salinité où seuls les principaux minéraux composant la salinité sont pris en compte.

■ Composition comparée des eaux de lac, de rivière et de mer en mg/L

• Les eaux de rivières ou de lacs contiennent en moyenne beaucoup moins d'un gramme de sels dissous par litre, mais elles présentent une très grande diversité dans leur composition. Ces eaux sont en majorité caractérisées par une prédominance d'hydrogénocarbonates de calcium et en moindre mesure de magnésium, cependant plus les eaux de lacs sont dures et plus elles contiennent de chlorure de sodium et de sulfates.
Les eaux d'Amazonie sont très douces alors que les eaux de certains grands Lacs d'Afrique sont très dures.

• Les eaux des océans sont toutes très semblables, elles contiennent en moyenne 35 g de sels dissous par litre, dont la composante principale est le chlorure de sodium ou sel marin. Pratiquement tous les éléments ou presque existant sur la terre sont présents en eau de mer, mais en faible et même souvent en très faible quantité.

♦ Dans les eaux de rivières, le calcium est majoritaire, sa présence est de deux à dix fois supérieure à celle du magnésium, alors qu'en eau de mer, c'est le chlorure de sodium qui est majoritaire et la quantité de magnésium est trois fois supérieure à celle du calcium.

• Les eaux saumâtres se rencontrent lorsqu'une rivière se jette dans la mer, l'eau douce se mélange à l'eau de mer pour former une eau dont la composition passe progressivement de l'eau douce à l'eau de mer. Une vie aquatique spécifique règne dans ce type de milieu.

• L'eau du robinet sa composition dépend du lieu de résidence, dans certaines régions l'eau est très douce, alors qu'elle est assez dure dans d'autres régions. Mais plus important encore, c'est la présence de nitrates, de phosphates, de pesticides, de sélénium, etc. en excès, qui rendent inutilisables ces eaux pour l'aquariophilie. A mon avis, c'est aussi le cas pour la consommation humaine, mais elles sont dans des limites supposées acceptables pour l'humain, mais pas pour certaines espèces aquatiques exotiques !

Ainsi l'eau distribuée dans certaines régions est d'une qualité suffisante pour maintenir un aquarium en bonne santé et ceci d'autant plus facilement que ses pensionnaires ne sont pas trop exigeants quant à la nature du milieu. Cependant cette situation est de plus en plus rare, car l'eau du robinet est de moins en moins conforme aux exigences de nombreuses espèces tropicales, même si elle est dite propre à la consommation. Il est donc souvent indispensable de modifier les caractéristiques de l'eau dont nous disposons pour les adapter aux exigences des pensionnaires.
La solution la plus courante pour disposer d'une eau adéquate consiste à mélanger l'eau de ville avec de l'eau déminéralisée ou osmosée, cela réduit les taux de minéraux présents dans l'eau de ville. Si besoin, mais plus délicat à conduire, il est possible de reconstituer une eau idéale à partir d'une eau osmosée reminéralisée avec des sels appropriés disponibles dans le commerce.

• L'eau déminéralisée ou osmosée, est une eau très pure produite artificiellement à l'aide de résines ou de membranes osmotiques. Elle est utilisée en aquariophilie soit en mélange avec l'eau de ville pour en abaisser le taux des différents minéraux, soit en la minéralisant de façon adéquate pour reconstituer un milieu aquatique donné.

■ Quelques recommandations

• Pour débuter en aquariophilie, nous recommandons de faire ses premiers pas avec un bac d'eau non salée. Il est indispensable de prendre le temps de s'accoutumer au milieu aquatique et l'apprentissage est plus facile et moins onéreux en eau douce. Les espèces sont beaucoup moins chères et le matériel est moins sophistiqué. Démarrez avec des espèces très courantes dans le commerce, comme les Poecilia reticulata, dites Guppys ou les Xiphophorus qui tolèrent certaines marges d'erreurs, ces espèces sont très colorées et se reproduisent aisément. Ensuite il existe de très nombreuses espèces plus exigeantes pour la qualité de l'eau, tout particulièrement pour la reproduction, elles sont l'objet de toutes les attentions d'aquariophiles très nombreux et passionnés.

• En eau de mer les espèces sont généralement plus colorés et la présence d'anémones et de coraux rendent plus luxuriant l'aquarium, mais ses occupants sont plus beaucoup plus chers et plus fragiles, la moindre erreur dans la gestion d'un bac peut avoir de lourdes conséquences, entrainant souvent la perte des pensionnaires. L'entretien et la maintenance d'un aquarium marin et tout particulièrement d'un aquarium récifal, demande plus de matériels, de connaissances et de savoir-faire.

Il est indispensable de connaitre les meilleures conditions de vie de nos futurs pensionnaires, c'est-à-dire les caractéristiques idéales de leur milieu aquatique d'origine, car les échecs en aquariophilie proviennent souvent de paramètres défavorables et non surveillées.
Les paramètres de l'eau, comme le pH et la dureté, ne sont pas toujours aussi critiques que le mentionne la littérature aquariophile, car la plupart des espèces que nous achetons sont depuis de nombreuses années, issues d'élevages en captivité et en conséquence elles sont habituées ou adaptées à un environnement biologique moins restrictif sur la marge de ses paramètres. Néanmoins, en dépit de cette acceptabilité sur des paramètres plus défavorables, les espèces élevées en captivité auront tendance à être plus colorées et à se reproduire plus facilement dans un milieu correspondant aux conditions d'origine de l'espèce.

• La très grande variété dans la composition des eaux, nous conduit à étudier et contrôler certains paramètres chimiques de l'eau, comme la dureté, l'alcalinité, le pH, la nitrification, etc. et à en maitriser les évolutions. Il est aussi indispensable de s'assurer de l'absence de composés nocifs, comme les dérivés de chlore, les métaux lourds, les détergents, les savons, la colle, les insecticides, la fumée de cigarette, l'ammoniaque, les phosphates, les nitrites et les nitrates.

► Une eau de ville chlorée, ce qui est une situation fréquente aujourd'hui, doit perdre son chlore avant d'être utilisée dans un aquarium. Pour éliminer de façon naturelle le chlore, il suffit d'aérer l'eau dans un bac de stockage avant usage.

☛  Les pages suivantes de ce volume sont consacrées à la composition de l'eau, au contrôle et à la maitrises de ses paramètres, ainsi qu'aux moyens d'optimisation de sa qualité, y sont traités les différents sujets suivants :

- La dureté totale GH, définition, mesure et correction, les différentes unités.
- L’alcalinité KH, définition, mesure et correction, les différentes unités et la relation entre GH et KH.
- Le pH, définition, mesure et correction, les différentes unités, le pouvoir tampon de l'eau.
- Les gaz dissous, les besoins et la gestion des gaz, dioxygène, dioxyde de carbone, ammoniac, méthane....
- La gestion des déchets, le cycle de l'azote, gestion des nitrites, nitrates et phosphates.
- Les oligoéléments, dont le fer, élément indispensable à la photosynthèse des plantes.
- La température de l'eau, son contrôle.
- La qualité de l'eau de ville, et son remplacement.
- L'optimisation de la qualité de l'eau, l'emploi d'argile, de magnésium, de charbon actif, de bactéries.
- etc.